Chirurgie de la rétine : comment ça se passe?
Nous abordons, dans cette page, les principes de la vitrectomie, pour illustrer le déroulement d'une intervention vitréo-rétinienne telle qu'elle est souvent pratiquée par notre équipe.
Pour des raisons évidentes, les particularités de chaque pathologie nécessitant une chirurgie du segment postérieur (membrane épi-rétinienne, décollement de rétine, trou maculaire, luxation d'implant intra-oculaire, traumatisme...) ne seront pas décrites en détail. Évidemment, votre chirurgien vous en expliquera toutes les subtilités si vous devez en bénéficier.
Installation du patient et types d'anesthésie
Comme c'est le cas pour toutes les chirurgies endo-oculaires, dont la chirurgie de la cataracte, tout se déroule au bloc opératoire, dans des locaux spécialement conçus pour assurer des conditions d'hygiène adaptées.
Le patient opéré est installé en position allongée, sur le dos, regard vers le plafond. La tête est fixée sur son support par du ruban adhésif, afin d'éviter de petits mouvements involontaires pendant l'intervention. Une arrivée d'oxygène est installée sous le champ opératoire. Ainsi, la respiration reste confortable pour toute la durée du geste.
L'anesthésie doit permettre une akinésie (l'oeil ne doit pas bouger) et une analgésie (suppression des douleurs). Pour cela, les deux techniques les plus utilisées sont :
- L'anesthésie péri-oculaire : un anesthésiant est injecté dans le pourtour de votre oeil ;
- L'anesthésie générale
Principes chirurgicaux et matériel utilisé
Accès à la cavité vitréenne
Afin de pouvoir pénétrer dans l'oeil et y insérer les instruments nécessaires, le chirurgien vitréo-rétinien doit installer des trocarts, comparables à de minuscules puits, qui transpercent la paroi du globe oculaire. C'est par ces conduits que les pinces et autres instruments nécessaires à la chirurgie seront introduits.
Il n'y a que des micro-incisions. Beaucoup comparent cette technique à une "coelioscopie" oculaire.
Illumination de l'intérieur de l'oeil
Pour pouvoir y travailler avec précision, le chirurgien aura besoin d'éclairer les tissus intra-oculaires. En profondeur dans le globe, la lumière du microscope opératoire n'est pas, seule, suffisante pour assurer une bonne visibilité. C'est pourquoi le chirurgien va introduire une source de lumière interne (sonde d'endo-illumination, ou "chandelier").
Visualisation des structures intra-oculaires
Pour pratiquer ce type de chirurgie, comme toutes les chirurgies endoculaires, un microscope opératoire est indispensable. Mais il est nécessaire, en plus, d'assurer un agrandissement des images par des lentilles qui sont soit posées sur votre oeil, soit distantes (ou "non contact").
Maintenir un volume oculaire constant
Pour ce faire, le chirurgien va mettre en place une ligne d'infusion.Il s'agit d'une arrivée de liquide, placée dans l'oeil et qui l'irrigue en continu, afin de garantir une bonne stabilité du globe. Pendant la chirurgie, la pression de l'oeil est minutieusement contrôlée à tout instant.
Vitrectomie
Le vitré est un gel transparent, qui remplit la partie postérieure de l'oeil. Ce vitré est, à la fois, responsable d'une partie des maladies rétiniennes chirurgicales et un obstacle pour atteindre votre rétine. Le chirurgien vitréo-rétinien doit, dans tous les cas, le retirer à l'aide d'un vitréotome, qui est un instrument qui coupe et aspire le vitré.
Gestes complémentaires possibles
Laser et cryothérapie
Afin de traiter des lésions rétiniennes ou de "fusionner" les différents feuillets entre eux, le chirurgien pourra utiliser :
- Du laser, par voie endoculaire ou par voie exoculaire ;
- De la cryothérapie : une sonde (cryode) est appliquée sur la paroi du globe et refroidie à une température extrême, afin de givrer la rétine.
Coloration
Afin de colorer certaines structures de l'oeil, il existe de nombreux colorants spécifiques : colorant du vitré, colorant de membranes...
Pelage de membranes
Membranes épi-rétiniennes, membranes limitantes internes, proliférations vitré-rétiniennes... Toutes ces structures peuvent être pelées à la pince micro-chirurgicale.
Injection de produits pharmacologiques dans la cavité oculaire
Le chirurgien dispose de nombreux agents pharmacologiques (anti-VEGF, rt-PA, corticoïdes, antibiotiques...) qu'il peut injecter dans l'oeil pendant l'intervention, en fonction de la situation clinique et de la pathologie à traiter.
Tamponnement
Afin de maintenir la rétine en place ou de limiter le saignement post-opératoire, votre ophtalmologiste peut injecter un produit de tamponnement :
- Gaz : plusieurs gaz existent. Il sont choisis en fonction de leur temps respectif de résorption. Ils s'éliment naturellement en plusieurs semaines.
- Huile de silicone : l'huile de silicone ne se résorbe pas et doit souvent être retirée lors d'une nouvelle intervention.
Ablation de corps étrangers, récupération d'implant, aspiration de cristallin luxé...
Ces gestes sont parfois nécessaires et sont, évidemment, dépendant de la situation clinique qui a amené à l'indication chirurgicale.
Gestes complémentaires sur le segment antérieur de l'oeil
Chirurgie de la cataracte
Si le cristallin est opacité (cataracte) ou si la situation le nécessite, il pourra vous être proposé de réaliser une extraction du cristallin et une pose d'implant dans le même temps opératoire.
Dans tous les cas, la vitrectomie favorise la survenue d'une cataracte. Ainsi, 95% des patients sont opérés du cristallin dans les 5 ans suivant la chirurgie de la rétine.
Implantation
En fonction de l'indication chirurgicale, le chirurgien vitréo-rétinien pourra choisir des implants fixés à l'iris, fixés à la sclère ou encore introduits dans le sulcus ciliaire.
Complications de la chirurgie vitréo-rétinienne
Les principaux risques de ce type d'intervention sont :
- La cataracte, d'apparition rapide ou de survenue plus tardive ;
- Une infection oculaire grave (endophtalmie) ;
- Des déchirures rétiniennes ou la survenue d'un décollement de rétine ;
- Des fuites au niveau des orifices de trocarts ;
- Une inflammation post-opératoire ;
- Une hyperpression oculaire post-opératoire.
Pour toutes ces raisons, une surveillance régulière et attentive est évidemment nécessaire après ce type de chirurgie.